Le nouveau louque d'Autrefois à Voiron

23/09/2005 - Les Affiches

Par Georges Salamand

Quand on évoque Voiron devant un Dauphinois bon teint, il pensera tout de suite: liqueur délectable verte ou jaune, chocolats fins délicieux, skis performants, sportifs de haut niveau, école technique de prestige, grandes orgues remarquables ou Sermorenc secret... et il aura le bon réflexe et le droit de tenter le banco. Mais Voiron, c'est autre chose. En paraphrasant STENDHAL, on pourrait lui appliquer ce que le grand homme disait du Grenoble de son temps, car que ce qui est plaisant, dans la petite capitale de la Chartreuse, c'est qu'elle ressemble à une ville et non à un gros village.Tout est urbain à Voiron, l'affabilité des commerçants, l'exquisité de la table, la rare politesse des habitants, le beau sourire des jeunes filles de l'été, cours Sénozan, la largeur des avenues, l'aspect cossu et altier des belles maisons et Saint-Bruno même, qui se prend, sans forcer le trait et hausser son double bon-
net pointu, pour une vraie cathédrale. Ajoutez à cela une vie culturelle intense, une salle à rendre une capitale provinciale honteuse, une qualité de lumière tout à fait exceptionnelle, et vous aurez, n'y habitant pas, tous les regrets du monde et une bonne petite idée d'une éventuel-le approche de la fugace réalité de ce qu'est vraiment la qualité de vie, au XXIe siècle, dans ce lieu privilégié.
J'aime Voiron... et je suis jaloux des Voironnais.

Des ponts et des locomobiles
Car il y a, là aussi, autour du président BOUDIAS, les témoins du temps jadis, les amis de l'association «Histoire et Patrimoine du pays voironnais », leurs sorties et activités passionnantes et leur belle revue récemment
relouquée - quel mot affreux! - au titre nostalgique d'Autrefois, laquelle, à travers son n° 49, fête son vingt-cinquième anniversaire'". Celui-ci s'ouvre, après l'éditorial consensuel du président, sur un hommage rendu par Roger
BIRON à Henri COUTIS, enseignant à l'ENP, proviseur du lycée technique et passion-né d'Histoire. Le nez dans son guidon d'histoire des techniques, Monique PARIS quitte, elle, la voie ferrée pour monter sur les locomobiles déjà évoquées dans le n° 48. Du fardier de CUGNOT aux engins agricoles des Ets PLISSONNIER de Lyon, c'est le triomphe de la vapeur dans les champs d'une France qui s'industrialise à tout va. Puis Thibaud WYON nous parle des ponts du Guiers Mort, entre Saint-Pierre et Saint-Laurent, sur les chemins antiques menant à la Grande Chartreuse, de forges en artifices. Sur le Guiers Mort, six ponts sont classés monuments historiques, tous sur la vieille route, un
ensemble unique en France et très peu connu, situé au coeur de «l'émeraude des Alpes». Le plus émouvant de tous étant, comme par hasard, celui qui conduit nulle part, le pont de la Jarjatte, le plus ancien et le seul qui ne soit pas classé... il en est des ponts comme des gens de génie, on ne reconnaît leur valeur que lorsqu'ils ne sont plus.


De Tombouctou à Vizille
Rebondissons très loin avec ce bel article de M. El-Boukhary BEN ESSAYOUTI, professeur de lettres au lycée de Tombouctou, sur l'histoire et le patrimoine de sa ville dont le nom - qui fit rêver notre jeunesse - viendrait de celui d'une esclave noire et polyglotte nommée BOUCTOU. En voilà une belle reconnaissance! Quelques pages ensuite sur la
famille DEVOISE des anciens consuls de la ville.
C'est Roger BIRON qui s'y colle une fois de plus, avec un indicible plaisir d'ailleurs, cependant que Christiane LE DIOURON évoque, à l'occasion du bicentenaire de sa naissance, le voisin de Voreppe, le peintre Alexandre DEBELLE, celui qui fait regretter à tous les conseillers généraux de l'Isère, de n'être pas nés dans les temps pour participer, portraiturés, à la fameuse assemblée de Vizille du 21 juillet 1788! Quelques autres belles et bonnes chroniques sur Paul de MONTCLOS, la rédaction des procès-verbaux, la gastronomie des cardes et fromages, le parler local, etc. complètent très astucieusement ce beau numéro qui mérite vraiment d'être conservé à la place d'honneur sur les rayons de votre bibliothèque.
(*)Autrefois - Regard sur notre patrimoine et notre Histoire, n° 49, A.H.P.P.V Centre culturel de Mille-pas, 72, avenue des Frères-Tardy, 38500 Voiron.


 
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